Communiqué de presse
Salle Gaveau
Vendredi 24 mars 2023 – 20h30
Junko OKAZAKI, piano
SCHUBERT–CHOPIN
Impromptus et Ballades
Interprète discrète sinon secrète, Junko Okazaki pratique l'art de l'effacement. Elle ne joue pas pour briller et la virtuosité pour la virtuosité ne l'intéresse pas. Tels ces poètes de haïkus qui dédaignent les images éblouissantes pour saisir l'essentiel du moment vécu, la pianiste cherche dans la musique le motif qui l'a fait naître. Le lyrisme ne constitue pas pour elle un but mais apparaît plutôt comme un résultat, lorsque le monde intime du musicien devient soudain sensible.
Loin d'une musicalité de pure forme ou d'une musicalité de l'éloquence et du pathétique, cette artiste n'a de style et d'originalité qu'au service du musicien qu'elle interprète. À une époque où l'on semble parfois écouter davantage les stars du piano que la musique elle-même, elle pourrait presque passer inaperçue !
Didier LEMAIRE
PROGRAMME
SCHUBERT
4 Impromptus
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op 90-1
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op 142-2
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op 90-3
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op 142-4
CHOPIN
4 Ballades
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op 23
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op 38
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op 47
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op 52
Biographie
Études
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Commence le piano à trois ans, entre au conservatoire de Toho à 11 ans et termine ses études à l’université de musique de Tohogakuen (Tokyo) au Japon.
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1981 : rencontre avec Vlado Perlemuter.
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1984 : s'installe à Paris pour étudier avec son maître Vlado Perlemuter.
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1985 : Diplôme supérieur d’exécution de piano à l’École Normale de Musique de Paris Alfred Cortot.
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1988 : Diplôme supérieur de musique de chambre.
Concerts
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Depuis 1986 : nombreux concerts en France, Italie, Etats-Unis, Japon.
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Depuis 1998 : récital à la Salle Gaveau chaque année (Ravel, Fauré, Chopin, Liszt, Schubert, Beethoven, Schumann ...)
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2008 : récital au Sénat, à la Banque de France et à Bergame en Italie
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2009 : récital au salon d’honneur des Invalides.
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2011 : récital à l’église de La Madeleine pour venir en aide aux sinistrés du Fukushima.
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2012 : concert salle Gaveau pour le 10e anniversaire de la mort de son maitre Vlado Perlemuter, Fauré, Ravel.
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Récital Chopin au château de La Motte-Tilly.
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2013 : concert à l’occasion du 75e anniversaire de la mort de Maurice Ravel pour l'association des Amis de Maurice Ravel.
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2016 : récital à la Banque de France.
Presse
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Matinale de France Musique, mars 2016.
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ResMusica, mars 2017.
Publication
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A la demande de Vlado Perlemuter, publication franco-japonaise de 7 volumes aux éditions ONGAKU NO TOMO des partitions pour piano de Maurice Ravel annotées par Vlado Perlemuter (2000-2017).
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Monsieur Marcel MARNAT, biographe de Maurice RAVEL et secrétaire général adjoint de la Fondation Maurice RAVEL, n’a pas craint de déclarer que ces partitions sont de précieux documents pour les pianistes interprètes des œuvres du compositeur.
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Cahiers Maurice Ravel n°19 (Fondation Maurice Ravel) article "Souvenir de mon Maître Vlado Perlemuter"
CD
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Frédéric Chopin. Forlane, 2006.
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Maurice Ravel, Sonatine, Miroirs, Gaspard de la nuit. Forlane, 2017.
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enregistrement en direct lors du récital 2022 à la Salle Gaveau, Nocturnes N°1,4 (Fauré) Valses nobles et sentimentales, Ma mère l’Oye, Gaspard de la nuit (Ravel) 2022.
DVD
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Noctuelles ronde enfantine chez Ravel, film poétique et musical de Didier LEMAIRE, tourné de nuit dans la maison du compositeur à Montfort l'Amaury. Musique originale de Junko OKAZAKI. Bonus musical 58 mn : œuvres de Ravel (dont les Miroirs sur le piano de Maurice Ravel). Les Productions du Golem, 2015.
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Les pianos secrets de Vlado Perlemuter, film musical et poétique de Didier Lemaire, 54mn. Les Production du Golem, 2017.
Ravel d’après Ravel sous les doigts de Junko Okazaki
ResMusica, Le 20 mars 2017 par Charlotte Saulneron
Artiste discrète, Junko Okazaki est une grande habituée de la salle Gaveau. En présentant un programme presque identique à son récital organisé la saison dernière dans ce même lieu à l’occasion du 140e anniversaire de Maurice Ravel, l’un de ses compositeurs de prédilection avec Frédéric Chopin et Gabriel Fauré, la pianiste japonaise propose avec subtilité, pudeur et élégance une sorte de retour aux sources en défendant la vision interprétative ravélienne de son maître, Vlado Perlemuter.
« Le plus important, c’est le respect de l’oeuvre. Jouer ce qui est écrit, en mettant ce qu’il y a derrière les notes, ne pas craindre de se projeter […] Il faut avoir la sensibilité à fleur de doigts. Ne pas rester à la surface du clavier, mais entrer dans le clavier. Faire naître l’oeuvre, comme une vie nouvelle qui s’éveille… Trouver le temps juste, rien à voir avec la rigueur du métronome, mais la pulsation interne, la sensation que l’interprétation tient debout dans sa fluidité. Quand on a compris cela, le jeu de piano devient évident. »
Junko Okazaki démontre encore ce soir qu’elle s’est totalement imprégnée des paroles de son ancien professeur Vlado Perlemuter, autant à l’honneur ce soir que la musique de Maurice Ravel. Parce que la transmission est au coeur de sa démarche artistique, ce concert marque également la publication complète des oeuvres de piano de Ravel avec les annotations de son professeur qui a travaillé l’intégralité de ces pièces auprès du compositeur lui-même, des indications d’interprétation uniques extrêmement nombreuses. En charge de cette transcription, c’est une édition bilingue (japonais/français) de sept volumes qui est présentée par Junko Okazaki.
Sans la moindre exagération ni excès, c’est une musique colorée, parfois lumineuse, parfois ombrée, déployée par le biais d’une parfaite technique et d’une virtuosité toute en sobriété, qui est proposée. Dans une précision sans pareil et avec une belle pureté du trait, la pianiste concilie le naturel du Menuet antique avec les sonorités tour à tour brumeuses, cristallines et parfois acides de Noctuelles. L’écriture émiettée des mystérieux Oiseaux tristes, l’appel de l’oiseau traînant entre deux roulades et son prélassement tout en dissonances sur des basses mouvantes, se distingue de l’écriture fluide et continue de la partition étincelante d’Une barque sur l’océan, parfait éloge des arpèges représentant le bercement des vagues et l’ondulation de la barque.
La pianiste dose parfaitement la pédale pour atteindre une sonorité lumineuse de l’instrument. C’est assurément une vérité du style qui est minutieusement recherchée à travers des grupetti mourant sur une note claire, la mesure dans l’expression et une certaine « rigueur » dans le rubato. C’est avec souplesse qu’elle noue et dénoue les mélodies de Sonatine et de Gaspard de la nuit sans briser l’élan lyrique de cette musique, dans une tendre nostalgie.
Ravel se servait du monde réel pour dissimuler sa vérité intérieure. Junko Okazaki soulève le voile avec la même pudeur dans une enveloppante étrangeté où se perdre reviendrait à se trouver.